Qi Gong & Science

Qi Gong & Science

Qi Gong - Définition

Le Qi Gong est une pratique ancienne qui combine des exercices de respiration, de mouvement, de méditation et de visualisation dans le but de réguler le flux d'énergie dans le corps et de renforcer le Qi. Selon la philosophie du Qi Gong, lorsque le Qi circule librement et harmonieusement dans le corps, la santé est favorisée, tandis que des blocages ou des déséquilibres dans le flux d'énergie peuvent conduire à des maladies. 

Qi Gong & Science - Préambule

On m'a demandé à plusieurs reprises cette année et notamment celles et ceux qui ont rejoint la pratique en cours d'année de mettre des mots sur le Qi Gong et sur ses bienfaits. 

Le Qi Gong occupe une place importante dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC). La MTC est un système de médecine holistique qui englobe différentes pratiques visant à maintenir l'équilibre du Qi (énergie vitale) dans le corps. Le Qi Gong fait partie des cinq piliers fondamentaux de la MTC, avec l'acupuncture, la pharmacopée, le massage (Tuina) et les pratiques diététiques.

Les principaux objectifs du Qi Gong dans la MTC sont les suivants :

Renforcer le Qi : Le Qi Gong aide à améliorer la quantité et la qualité du Qi, augmentant ainsi la vitalité et la résistance du corps.

Équilibrer le Qi : Le Qi Gong peut aider à éliminer les blocages énergétiques et à rétablir l'équilibre entre les différentes formes d'énergie (Yin et Yang) dans le corps.

Cultiver l'énergie interne : En pratiquant régulièrement le Qi Gong, les praticiens peuvent accumuler et cultiver leur énergie interne, ce qui favorise le bien-être général.

Prévenir les maladies : En maintenant un flux énergétique harmonieux, le Qi Gong peut renforcer le système immunitaire et prévenir certaines maladies.

Soutenir le traitement des maladies : Le Qi Gong est souvent utilisé en complément des autres thérapies de la MTC pour soutenir le processus de guérison.

Il existe de nombreuses formes et styles de Qi Gong, certains étant plus axés sur la santé et la relaxation, tandis que d'autres sont conçus pour renforcer la force physique et les capacités martiales. Dans tous les cas, le Qi Gong est considéré comme une pratique bénéfique pour le bien-être physique, émotionnel et spirituel dans le contexte de la médecine traditionnelle chinoise. 

L’approche chinoise de la relation à la santé corporelle et mentale s’inscrit dans la ligne du dicton “Mieux vaut prévenir que guérir” pourtant bien de chez nous mais qui n’est pas la voie dominante de la médecine scientifique occidentale.

Vous trouverez donc ci-après quelques billets sur le thème "Qi Gong & Science" où j'essaie de faire des liens entre une pratique nourrie d'une approche empirique et nos esprits cartésiens d'occidentaux. 😀 

Qi Gong & Science - Billet #1 

1. On remarque dans le cerveau par EEG à la fois une activité accrue des ondes alpha et thêta qui indique un état de relaxation et de détente du système nerveux et une réduction des ondes bêta associées à l'activité corporelle et mentale. 

C’est pourquoi il arrive souvent qu’on baille pendant la pratique.

2. Le Qi Gong provoque une vasodilatation (augmentation du calibre des vaisseaux sanguins par relâchement de leurs cellules musculaires) ce qui confère à la pratique un caractère hypotenseur.

3. La pratique du Qi Gong induit un meilleur équilibrage de l'axe neuro-immuno-endocrinologique et augmente les capacités de résistance naturelle aux agressions

4. Le Qi Gong stimule les neurones mémoire de l’aire de Broca et contribue à ce titre à développer empathie et sociabilité (bonus ;-))

5. Le Qi Gong renforce le processus d’encodage de la mémoire affaibli par le vieillissement

Qi Gong & Science - Billet #2 : du système nerveux et de la respiration 

Le système nerveux est un système biologique animal responsable de la coordination des actions avec l'environnement extérieur et de la communication rapide entre les différentes parties du corps. 

Pour schématiser et aller à l’essentiel, le système nerveux sympathique augmente la fréquence cardiaque, accélère la respiration tout en la rendant moins profonde, dilate les pupilles et stimule le métabolisme. À l'inverse, le système nerveux parasympathique a un effet apaisant sur le corps.

Le système nerveux sympathique permet au corps de réagir rapidement dans des situations de crise et il est très (trop ?) souvent sollicité.

La respiration est augmentée par l’activation du système nerveux sympathique par l'intermédiaire d’un neurotransmetteur la noradrénaline qui dilate les bronchioles. A l’inverse l'acétylcholine assure une contraction des bronchioles (action du système parasympathique). On peut dire que le système sympathique est l'accélérateur du corps alors que le système parasympathique en est le frein.

On sait que la respiration est affectée par des chocs émotionnels via l’hypothalamus.

L’intention de modifier sa propre respiration “automatique” se fait par le cortex cérébral qui envoie des informations au centre bulbaire pour modifier la respiration automatique.

En pratiquant le Qi Gong, on “débraye” en quelque sorte sa respiration automatique pour passer en mode manuel qui est activée “en conscience”.

L’activation d’une respiration en conscience stimule d’autres régions du cerveau et notamment sur les centres nerveux cognitifs, agit sur les états émotionnels et intervient dans la régulation des glandes endocrines et des réponses immunitaires.

Par ailleurs, il faut savoir qu’on naît avec une respiration naturelle abdominale qu’on perd dès notre plus jeune âge contrairement aux animaux. C’est dommage car elle a de nombreux bénéfices. Elle contribue notamment à : 

Un des objectifs des premiers cours de Qi Gong qu’on entretient tout au long de l’année est de travailler cette respiration abdominale afin qu’elle s’impose comme mode de respiration naturelle au quotidien et contribue par sa seule action à un mieux être déjà perceptible.

Qi Gong & Science - Billet #3 : du rôle des fascias et de l'interstitium 

du rôle des fascias

Les fascias sont des entrelacements de fibres de collagène qui assurent la mobilité des muscles, des articulations … de tout le corps. Ils  contiennent le liquide lymphatique et constituent un réseau conjonctif. Ils forment un continuum de la tête aux pieds.

Ils peuvent contenir jusqu’à 70% d’eau. L’acide hyaluronique joue un rôle de lubrifiant. C’est la synthèse acide eau qui favorise l’élimination des toxines.

Ce sont les propriétés de résistance et de souplesse des fascias qui garantissent le bon fonctionnement dynamique du corps. 

De mauvaises postures, une trop grande sédentarité, des exercices violents ou le vieillissement atténuent la qualité des fascias et diminuent les capacités de mobilité du corps humain.  

Dans la plupart des cas, les conséquences de la mauvaise santé des fascias provoquent des tensions musculaires chroniques qui conduisent à des pathologies de posture et des douleurs localisées ou généralisées.

Une souffrance des fascias dorso-lombaires due à un excès de prolifération de collagène empêcherait la capacité de glissement entre les couches des fascias et créerait de la douleur.

Les fascias contiennent un réseau dense de fibres nerveuses dans lesquelles on trouve un neuropeptide ayant des fonctions de neurotransmetteur et de neuromodulateur de la douleur. Des expériences montrent que des fascias réagissent plus que des muscles aux stimulations douloureuses. L'idée qu'il joue un rôle important dans les phénomènes de douleur est généralement admise aujourd'hui.

Les douleurs lombaires liées au stress pourraient s'expliquer par la réaction des fascias qui se contractent et restent dans une tension durable.

Les étirements et les exercices améliorent et résorbent l'inflammation et la douleur. Il provoque une augmentation de la taille des fibroblastes qui envoient des signaux pour relâcher les tissus permettant aussi aux fascias de se régénérer. Les traitements préconisés pour l'amélioration des capacités musculaires et la diminution des douleurs ne devrait-il pas prendre en compte le rôle des fascias ?

L'interstitium, un nouvel organe ? 

Des scientifiques commencent à considérer que l'espace des tissus interstitiels et le liquide interstitiel qui le remplit constituent un véritable système qu'il nomme interstitium. Ce système composé par des différents types de fascias correspondrait à 20 % du volume corporel. 

L'interstitium englobe finalement tout l'espace interstitiel du corps avec ses muscles, ses os, la peau et ses organes internes. Il ne fait pas de doute que cet espace est le principal lieu de passage de toutes les fonctions de communication de l'organisme : nerfs vaisseaux sanguins et liquides.

Les méridiens d'acupuncture de la médecine chinoise trouveraient leur chemin à travers les réseaux de fascias c'est ce que certains proposent. Dans ce cas, une perte de leur mobilité pourrait empêcher la circulation du Qi dans l'organisme de la même façon qu'elle diminue la circulation de liquide à travers le corps.

L'utilisation des aiguilles d'acupuncture montre que la pénétration d'une aiguille sous la peau provoque immédiatement un recrutement de fibre de collagène autour de l'aiguille modifiant l'organisation du fascia localement. Cette réaction pourrait faire partie des mécanismes d'action de l'acupuncture en mobilisant les points classiques des méridiens mais en agissant aussi de façon non spécifique entraînant un effet placebo. Enfin tout récemment Hélène Langevin de l'Université d'Harvard a observé que la densité du tissu conjonctif interstitiel du derme et des muscles est plus élevée au niveau des points d'acupuncture. Les fascias aurait-il un rôle à jouer dans la médecine chinoise ?

Qi Gong & Science - Billet #4 : Fascias, posture et proprioception 

En raison de la grande quantité de terminaisons nerveuses dans les fascias, l'idée qu'ils participent à la perception de notre propre corps fait son chemin. Il jouerait un rôle dans la proprioception, rendant possible la conscience de notre posture et de notre équilibre.

L'expérience acquise par une attention focalisée permet aussi de percevoir la continuité des sensations corporelles au-delà de l'articulation des chaînes musculaires. La perception de cette continuité sensorielle fait que le moindre mouvement de la tête se répercute dans le thorax, les poumons, la sphère abdominale interne et externe jusqu'aux pieds; elle ne s'expliquerait pas sans une intervention totale des fascias. Véhicule d'une dynamique subtile de mouvement et de sensation les fascias seraient le support pour une prise de conscience globalisée de l’être.

La posture du corps et sa perception sont dépendantes de la proprioception. On sait à quel point la question de la posture est importante dans tous les exercices de Qi Gong et de Taï Chi.

Elle revêt une importance toute particulière dans l'exécution de la posture de l'arbre (zhan zhuang) pour travailler en profondeur et en subtilité la plus infime sensation interne du corps dans une apparente immobilité. L'isolement du soi, en excluant toute information provenant de l'extérieur, permet de trouver l'unité intérieure mentale et corporelle et la sensation d'un centre de gravité stable.

Par exemple, la marche implique une régulation permanente de l'équilibre acquise dès le plus jeune âge. Il suffit de déclencher l'intention de marcher pour mettre en marche la mécanique. À contrario, la lenteur du travail dans le Qi Gong court-circuite les mécanismes automatiques des gestes pour les transformer en action volontaire et consciente. Ce véritable retour vers l'apprentissage oblige le cortex cérébral antérieur à prendre le relais avec toutes les conséquences que provoque une activation neuronale des zones du cerveau impliquées. Il aura ainsi comme résultat de stimuler le processus de neuroplasticité.

Le moindre geste ou la moindre contraction musculaire sont perçus par le réseau des fascias qui en informe les centres nerveux concernés grâce à des capteurs. Les fonctions nerveuses dédiées réorganisent l'architecture corporelle afin de la diriger vers l'objectif gestuel à réaliser avec une perception dynamique des fascias qui en régule la force, l'orientation et la séquence via le système nerveux.

On connaît mal des processus d'étirement musculaire. On peut se demander si la sensation d'étirement ne serait pas liée à la capacité des fascias à s'étirer par une réorganisation de son architecture interne, accompagné par un relâchement des muscles qui seraient étirés de façon passive.

Dans la pratique du Qi Gong, il est possible d'étirer tout le corps verticalement vers le ciel après avoir relâché tous les muscles du corps des pieds à la tête. On peut avancer l'hypothèse que les fascias jouent un rôle important dans les phénomènes d'étirement surtout lorsqu'ils sont réalisés dans un relâchement musculaire complet.

De très nombreux exercices de Qi Gong tels que les traditionnels “8 pièces de brocart” comportent des étirements. Il existe même une série d'exercices évoquant bien l'intervention des faciales dans les étirements comme dans les exercices intitulés : "changement des tendons et des muscles".

Les fascias jouent un rôle protecteur en limitant l'amplitude des mouvements, de la même façon qu'un bandage orthopédique élastique externe peut restreindre le mouvement d'un membre, tel un exo fascia.

 

La pratique du Qi Gong permet de constater que tout geste musculaire, naturellement réalisé en force, est freiné puis arrêté par une résistance qui en limite l'amplitude. Le même geste réalisé dans le relâchement et sans forcer permet d'en augmenter l'amplitude comme si on évitait de mettre en route le mécanisme de défense réflexe.

Il est probable que l'aptitude au relâchement dans les exercices de Qi Gong permettent d'obtenir un étirement des fascias de façon plus efficace qu'un étirement en force dans les exercices de gymnastique même douce.

On évoquera dans un prochain billet comment la pratique du Qi Gong provoque l'intéroception notamment en mobilisant son intention.

A suivre et n'oubliez pas de pratiquer sans modération… 😉